Atelier Tsukomogami, céramiste

 
Avec la séance photo du jour je vous emmène à Montreuil, près de Paris, derrière le rideau de fer de l’Atelier Tsukumogami.
 
Si vous êtes fan de culture nippone peut-être avez-vous déjà croisé sur votre route le blog Cocoyuyu, véritable fenêtre sur un Japon qu’Eugénie, son auteur, a hissé au rang de passion dévorante. Une passion qui a influencé jusqu’à sa reconversion derrière son tour de potier !
 
Difficile effectivement dans cet atelier de ne pas se sentir transportée dans un espace à part. A la fois dans la proximité et l’ailleurs. Car il y a quelque chose d’exotique avec ces touches de déco japonaise, avec les lignes de sa collection de bols et de tasses en préparation, dans lesquelles on boirait bien un thé ou mangerait des ramens. Dans le même temps on y trouve aussi quelque chose de rustique et authentique, une belle simplicité que le travail de la terre met en valeur, quelque chose qui rapproche, une intimité qui se se savoure dans ce petit espace lorsque le rideau se lève.
 
Finalement moi qui avait été fort marquée par un voyage au Japon il y a quelques années j’y ai retrouvé sans surprise cette poésie de la promiscuité qu’ont les échoppes au rez-de-chaussée des immeubles nippons. Ce tour de magie là je ne sais pas comment Eugénie l’a transporté ici !
 
Je vous laisse donc faire ce petit voyage avec elle…
 
 
 

 
 

TON HISTOIRE

 
Je m’appelle Eugénie et j’ai besoin de Japon en intraveineuse pour pouvoir vivre ! Ce pays, c’est ma muse, mon inspiration de toujours. J’ai longtemps cherché une façon de l’inclure dans mon quotidien professionnel, sans jamais trouver la bonne façon, jusqu’à ce que je commence la poterie.
 
Un jour d’hiver, enroulée dans un plaid, je lisais un roman japonais dans lequel, sur quelques lignes seulement, il était question de l’ambiance de la maison et des créations d’un couple de céramistes. J’ai perdu pieds. J’étais obsédée ! La semaine suivante, je m’inscrivais à un cours de loisir dans l’atelier d’une céramiste qui a tout appris au Japon, et quelques mois plus tard je m’inscrivais à une formation de reconversion.
 
Maintenant je suis chaque jour dans mon petit atelier où je peux laisser libre cours à ma créativité grâce à la terre et fabriquer des objets dans lesquels j’insuffle tout l’amour que j’ai pour le Japon.
 
 

 

TON TRAVAIL

 
Je commence toujours par poser mes idées sur le papier. Je dessine, j’annote, je fais des collages… Je remplis des carnets d’idées. Certaines sont réalisées, d’autres ne le seront sûrement jamais faute de temps !
 
Je passe ensuite à la terre, je cherche à m’approcher de mon dessin, mais je n’aime pas la rigueur de l’objet en série : j’aime évoluer avec l’humeur de la terre, ce qui fait que chaque pièce est unique. Celle-ci fera peut-être quelques millimètres de moins, celle-là sera plus arrondie, peu importe ! C’est ce qui fait leur charme, et je sais qu’elles trouveront la bonne personne avec qui partager leur vie !
 
Vient ensuite l’étape de l’émaillage, pour donner aux pièces leurs couleurs et leur étanchéité.
C’est la partie « petit chimiste fou » que je préfère dans mon travail. Je fabrique mes émaux à partir de formules chimiques (un challenge pour quelqu’un qui ne connait pas ses tables de multiplication par cœur…) et d’oxydes en tous genres. Ce que j’aime et qui, en même temps peut être très frustrant parfois, c’est le côté « coup de chance » d’un résultat ! Tout influe sur l’obtention d’une couleur ou d’une texture : la place dans le four, la terre utilisée, la façon de mélanger l’émail avant d’appliquer, l’application… Mais aussi parfois le temps qu’il fait dehors ! Combien de fois il m’est arrivé d’émailler une pièce « pour voir », d’obtenir un rendu magnifique et de vouloir le reproduire sur toute une série sans jamais y parvenir totalement ?
 
 


 

TES INSPIRATIONS

 
Je suis davantage inspirée par des choses que des gens. Je furète pendant des heures sur Pinterest en archivant tout ce qui me touche, et ce sont majoritairement des packagings japonais, de belles photos de cuisine, des paysages sauvages ou fleuris, des artworks très graphiques...
Dans le choix de mes références, il y a une grande dualité entre le rustique (des matières brutes, des angles tranchés, l’imperfection de la forme…) et la pop un peu kawaii et poétique (couleurs tirant vers le pastel, douceur et rondeur des formes, façon de représenter des personnages…).
 
Évidemment, le Japon m’inspire énormément mais j’essaie de ne pas reproduire son artisanat. J’essaie avant tout de retraduire l’émotion que je peux ressentir face à un paysage que j’aurais pu voir pendant un voyage, à un élément de saison, un aspect de sa culture…
 
 


 

TON CLIENT DE RÊVE

 
Tsukumogami est un nom très difficile à retenir pour les clients, mais je voulais absolument donner ce nom à mon entreprise à cause de ce qu’il signifie : les tsukumogami sont des créatures surnaturelles japonaises. Ce sont des objets qui, à l’âge de 100 ans, prennent vie.
S’ils ont été abimés, abandonnés, jetés, ils deviennent farceurs et revanchards. C’est un concept qui me parait très important et actuel : à l’heure où j’ai fait le choix de créer des objets qui ne disparaitront plus de la surface de la terre (il suffit de penser aux poteries des hommes préhistoriques pour se rappeler à quel point la céramique n’est PAS éphémère), je souhaite penser chaque jour à ne pas surproduire. Je crée des petites séries et des pièces uniques.
Je souhaite sensibiliser mes clients à ce sujet. La vaisselle n’a pas besoin d’être collectionnée à gros volumes. Il suffit souvent de quelques tasses que l’on adore, quelques assiettes indémodables et le tour est joué. Si on pose la question autour de soi, tout le monde a sa tasse préférée du matin, son assiette favorite… Et le reste dort tranquillement dans le placard.
Tout ça pour dire que le client idéal pour moi, c’est celui qui sera sensible au bien-être de ses quelques objets, et dans la continuité, sensible au bien-être de la planète.
 
 


 

TES CONSEILS POUR SE LANCER

 
On met 10 ans à devenir potier.
 
C’est le corps de l’enseignement des maîtres potiers japonais, mais c’est surtout ce qu’une professeure de tournage nous a appris dès les premiers jours de formation. 10 ans c’est un long chemin.
Aujourd’hui où on veut toucher le sommet le plus vite possible dans la plupart des métiers, je trouve que c’est important de se souvenir de prendre le temps. Prendre le temps d’observer, d’essayer, de se tromper, de progresser et au final de réussir ![//tg_small_content]
 
 
 
 

 
 

RETROUVEZ L’ATELIER TSUKUMOGAMI

 
Site internet : www.tsukumogami.fr
Sa boutique : sur Etsy
 

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